Menu

Réduction des risques à l’échelle des villes et positionnement politique des villes du Forum Français de Sécurité Urbaine

Intervention

Article:
Le lien social à l'épreuve des consommations dans l'espace public

Bernard RIVAILLE, Adjoint au maire de Lormont, Vice-président du Forum Français pour la Sécurité Urbaine (FFSU)

[vc_row][vc_column][vc_column_text]Je suis adjoint au Maire d’une ville de 22 000 habitants adhérente, parmi cent-quinze villes de différentes tailles, au FFSU. Le Forum s’intéresse à toutes les populations et préconisent des recommandations sur un certain nombre de sujets, dont nous nous auto-saisissons ou sur demandes. L’idée étant ensuite de faire des propositions aux parlementaires.
Notre approche est celle de la gestion de terrain avec l’affirmation de principes forts pour fonder les politiques de RdR au quotidien. Nous avons produit un guide sur le sujet pour mettre en avant la politique de réduction des risques auprès des élus.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Nous affirmons que les substances psychoactives licites et illicites font partie de la société. Exiger une société sans drogue est illusoire : il faut prendre acte, et agir en limitant les effets pour les personnes, les familles et l’ensemble des concitoyens.
Le FFSU n’est pas un réseau militant, nous n’avons pas de position sur dépénalisation ou légalisation du cannabis par exemple, cependant la possibilité d’être saisi sur ces questions existe, et nous rencontrons régulièrement des représentants politiques de pays comme l’Uruguay, certains pays d’Europe du Nord, ou de Catalogne qui sont précurseurs dans ce domaine.
Ces préalables posés, les villes, petites ou grandes, sont confrontées à une triple problématique :

* l’économie parallèle et le trafic

* l’impact sur la Santé publique

* le sentiment d’insécurité, surtout face aux phénomènes présents dans l’espace public.

Notre action a pour objectif le maintien de la cohésion sociale, assurer la bonne gestion de l’espace public et le bien-être de tous. Les élus sont garants de ces principes sur les territoires. Mais le sujet des usages de drogues fait entrer la morale dans le débat et met la question idéologique en avant dans toutes les démarches entreprises en RdR. Hors la santé publique est fondée sur l’analyse des faits, des résultats d’évaluations, pas sur une idéologie.

La sécurité et la santé ne sont pas contradictoires ou opposées, mais complémentaires et interdépendantes. Les politiques répressives envers les consommateurs sont inadaptées, car elles accentuent la stigmatisation et maximisent les risques, tant pour les personnes que pour la communauté. En matière de drogues les politiques sont nationales, mais nous savons que les politiques locales sont celles qui ont le plus d’impact direct sur la situation en matière de drogues. Le niveau local est le plus pertinent tant en matière de récupération de données que d’expériences innovantes. L’Etat donne le cadre légal, mais il appartient aux communes de le soutenir ou non.
En 2006, le Forum européen a adopté le manifeste de Saragosse, puis la déclaration de Vienne en 2010 d’où est issu le programme DC&D II, Democracy, Cities & Drugs 2. En 2011, il y a eu des partages d’expériences entre Lille, La Rochelle, Bordeaux, Toulouse.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]En matière de régulation du phénomène, il est important de poser quelques principes, notamment un principe humaniste qui favorise la prise en charge des usagers dépendants et doit guider la réflexion pour une politique intégrée de RdR. Toute politique de prévention doit assumer la réalité des consommations pour qu’elles soient les moins dangereuses possibles pour l’usager et son environnement. Quand on parle de consommations, cela concerne aussi l’alcoolisation des jeunes, et celles de produits licites ou illicites en fonction des différentes législations en Europe. En effet, un même produit peut être légalisé, fortement pénalisé ou banalisé selon les pays. La cible vers laquelle orienter les politiques publiques doit être la lutte contre les trafics, pas la répression des usagers : pas de banalisation, mais pas de moralisation. En exemple, je prendrai la mise en place du Bus d’échange de seringues dans ma ville, où nous avons fait un travail de terrain préalable auprès des opposants à la logique de RdR. Notre volonté politique était également de placer un automate d’échange, non pas dans un endroit caché, mais sur l’espace public. Des discussions durant un an avec les parents, d’élèves, les enseignants, les élus, la police, et l’ensemble du corps social non spécialisé en toxicomanie, ont été nécessaires avant de pouvoir le faire. Ce long travail de préparation a été possible au sein du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), instance à laquelle les intervenants en toxicomanie doivent participer car c’est un lieu de partage et de communication entre les services et les partenaires.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Concernant la question d’actualité de la mise en place des SCMR, elle doit répondre à des objectifs clairs et une méthodologie responsable. Pour ma part, je vois deux objectifs prioritaires : l’un de Santé publique et l’autre de tranquillité publique. En matière de Santé publique, les usagers doivent bénéficier d’une prise en charge sanitaire correcte, ainsi que d’une prise en charge sociale avec des logements adaptés, l’accès à la substitution bas seuil et aux dispositifs sociaux de droit commun. En matière de tranquillité publique, si on arrive par ce biais à réduire les scènes ouvertes, on réduit les nuisances associées (seringues abandonnées), les intrusions dans des espaces privés comme les halls d’immeuble, et cela joue sur les représentations négatives des usagers, ce qui apaise les relations avec les habitants et favorise l’ouverture d’un établissement ou valide sa présence.

Le FFSU défend une politique globale, intégrée, prenant en compte :

* l’insertion sociale,

* l’accès aux soins,

* la RdR,

* la réduction des nuisances et la lutte donc contre le sentiment d’insécurité.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Cela participe à ce que vous appelez la « médiation sociale », qui inclue toute la communication préalable déjà évoquée. Ainsi à Lièges, le travail préalable d’implantation d’une SCMR (en proximité du commissariat) a été fait par un éducateur spécialisé, un éducateur de rue, pendant un an auprès des habitants, commerçants, professionnels de santé, pour faire accepter l’idée de l’établissement, de son public, mais aussi de la possibilité, une fois l’établissement ouvert, d’un dialogue constant avec l’équipe qui allait l’animer. Ce qui implique de n’avoir ni posture morale, ni posture idéologique pour pouvoir associer l’ensemble des acteurs : intervenants en toxicomanie, services sociaux municipaux et départementaux, la prévention spécialisée (actuellement malmenée), la police, la justice, l’éducation nationale… Ce regroupement est plus facile à faire pour les élus locaux, les maires, qui ont la maitrise des écoles, et des instances de discussion avec les riverains. Ces derniers sont indispensables dans ces échanges afin de les convaincre, mais la difficulté du phénomène NIMBY est bien réelle. Cela peut concerner une poubelle, un arrêt de bus, et bien entendu un dispositif CAARUD, et nécessite un important travail de pédagogie auprès de nos concitoyens.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Nous devons donc dissiper les craintes de la population sur ce lieu commun qu’est « l’incitation à l’usage » par les dispositifs de RdR et le surcroit de population qu’ils amènent. Il s’agit d’un travail de réassurance des populations de la part des intervenants en toxicomanie, travail à mettre en place de façon permanente, avec un objectif de transparence du travail des intervenants, comme pour nous, élus, sur nos choix politiques. Dans ma commune, nous avons accueilli le Bus sur le parvis de la Mairie pour sa mise en place dès 1998, afin de montrer à la population ce qu’était le travail d’accueil et d’accompagnement, avant la mise en place des permanences sur lieu fixe. La transparence doit être de mise sur les projets politiques et le travail des intervenants, professionnels de santé ou de l’éducation qui interviennent sur ce champ. Le débat doit être posé sur les objectifs sanitaires, objectifs de tranquillité publique et de cohésion sociale qui sont également au cœur de nos mandants politiques[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Pour conclure, ces deux questions pour les élus :

* Quelles approches promouvoir en matière de politique locale de prévention et de réduction des risques?
* Comment la ville contribue-t-elle aux politiques de régulation entre santé et tranquillité publique ?

Ce sont les axes prioritaires du FFSU afin d’éviter la disqualification de nos quartiers en zones urbaines sensibles car notre objectif d’élu est de mainte[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

Ils partagent nos valeurs….