[vc_row][vc_column][vc_column_text]✺ Revoir notre rapport aux consommations La RdR alcool telle que nous l’avons imaginée et développée, a nécessité de revoir nos pratiques thérapeutiques. Nous avons dû avant tout changer, nos façons d’envisager les pratiques de consommations et leurs effets sur la vie des personnes. Car en amont du travail qui consiste à élaborer des propositions d’accompagnement, de soin et de réaménagement des pratiques aux fins d’en réduire les risques et dommages associés, il faut repenser également l’observation des usages, et l’évaluation des bienfaits ou méfaits qui y sont associés.
La compréhension des usages est en effet essentielle à l’élaboration d’une offre d’aide et de soin fondée non sur le « traitement du problème alcool » mais bien sur l’objectif d’accompagner la personne usagère d’alcool vers une qualité de vie réalisable, la plus égale possible à la qualité de vie souhaitée par elle, et ce y compris dans le cadre préalable du maintien de ses pratiques de consommation.
Parce que «seul le sujet peut estimer sa qualité de vie. [qu’il] n’y a aucun étalonnage possible en la matière, aucune norme, aucune standardisation»1 , les outils classiques d’évaluation, de classification et/ou de typologisation des usages (AUDIT, DATA-CAGE…) utilisés en alcoologie sont inopérants en RdR Alcool, dans la mesure où ils s’attachent à catégoriser les consommations en fonction du risque sanitaire (qui pourra être la prise de risques, la nocivité ou la dépendance) et des normes d’usage (Unité Internationale d’Alcool) au détriment de leur singularité.
Proposer cette approche RdR Alcool nécessite donc bien d’abord de revoir nos méthodes évaluatives des consommations d’alcool chez les personnes que nous accompagnons.
C’est dans ce sens que l’association Santé ! revendique la pratique de la picologie comme moyen d’analyse, de compréhension et de définition d’un accompagnement opérant.[/vc_column_text][vc_column_text]✺ Définition de la «picologie» La picologie, c’est l’observation et l’étude des manières de boire. Celles-ci sont singulières à chaque personne et sont le produit d’une histoire, de logiques, de contraintes et d’un contexte chaque fois spécifique. La prise en compte de ces spécificités fonde la Réduction des risques, y compris pour l’alcool.
La picologie, c’est donc l’observation à chaque fois d’une sorte d’écosystème particulier qui se construit, se développe et se modifie autour de la relation qu’une personne entretient avec l’alcool. Car cet écosystème interagit et cherche en permanence à s’adapter avec le monde social environnant.
Pour appréhender cette relation, la picologie envisage l’usage comme issu d’une histoire, d’une «carrière»2 au sens du sociologue Howard Becker.[/vc_column_text][vc_column_text]Cette notion de « carrière » oblige à envisager les consommations, quelles qu’elles soient, comme des organisations logiques s’inscrivant dans le parcours de vie d’une personne.
Il s’agit de mettre à jour cette organisation qui articule stratégies et contraintes, bénéfices (effets recherchés) d’un côté, risques et dommages (effets subis et non-recherchés) de l’autre.
La picologie propose d’observer les consommations d’alcool non plus à l’aune du niveau «pathogène» mais à partir de ces parcours de vie dont elles sont issues et dans lesquels elles s’inscrivent, afin de mettre à jour des leviers sur lesquels la personne elle-même pourra agir à des fins de réduction des risques.
Ainsi, la picologie, plutôt que de partir du «combien» (combien de verres en une occasion ? Combien d’occasions par semaine, combien d’alcool par jour ou par semaine…), s’intéresse au «comment »,
afin de mieux analyser les organisations et fonctions individuelles du «boire» :
➜ Quel type d’alcool est choisi ? (car contrairement aux idées reçues, personne ne boit indifféremment tout alcool)
➜ Quel est le rythme et quelles sont les modalités d’absorption ? (Assis ? Debout ? Au verre ? A la bouteille ? A la canette ?)
➜ Quel est le contexte ou l’environnement de la consommation ? (Seul ? Collectivement ?).[/vc_column_text][vc_column_text el_class= »reference card well »]
Références:
[1] Bacqué M-F, Le deuil à vivre. Odile Jacob, Paris, 1996.
[2] Notion développée par Howard S. Becker dans son ouvrage.
Outsiders, Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Métailié, 1985.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]