Dans un contexte de restructurations de l’Etat-providence à partir des années 1990, des mouvements de défense des personnes perçues comme « posant socialement problème »
(personnes en situation d’itinérance, usagers de drogues, travailleurs du sexe, etc.) ont remis au goût du jour les aspirations à une plus grande symétrie des relations entre l’Etat et les citoyens, en privilégiant des répertoires d’action radicaux proches du community organizing.
Cette expression désigne des formes d’action collective contestataires valorisant la mobilisation et l’expression directe des habitants de quartiers défavorisés dans le cadre de campagnes visant à obtenir des avancées concrètes en termes de conditions de vie à travers l’instauration d’un rapport de force avec l’Etat. A Vancouver comme à Montréal, l’ambition de ces groupes est de renouveler la perception des problèmes sociaux en déconstruisant l’image de dangerosité associée à certaines conditions de vie (promotion de l’égalité des droits et de la dignité des personnes).
Il s’agit parallèlement de soutenir des formes d’action publique co-construites avec elles (promotion de la citoyenneté et de la pleine participation) et permettant de supporter leur sentiment
d’appartenance sociale à travers l’allocation de droits-créances (promotion de la solidarité), en lieu et place de la judiciarisation des problèmes sociaux qui semble constituer la ligne de plus forte pente dans de nombreux pays.