[vc_row][vc_column][vc_column_text]Un monde sans drogue, sans addiction, n’existe pas.On s’est longtemps employé à nier cette réalité, à l’habiller de tous les vocables pour se détourner des questions que les abus et la dépendance soulèvent. Les réponses qui s’imposaient alors étaient dans le meilleur des cas empreintes de morale, et au pire, répressives.
Bousculant l’ordre théorique d’un monde qui se rêve policé, aseptisé, «les années Sida» nous ont conduit à admettre que certaines personnes ne veulent ou ne peuvent arrêter leurs usages de produits. Celles-ci conjuguent, à leur temps, plaisirs, risques et souffrances.
La prise en compte de cette réalité est inscrite dans la loi de santé de 2004, et largement réaffirmée dans celle de 2016.
Cet ouvrage veut avant tout traduire combien il est impératif de prendre en compte les usagers, dans leur personne et dans l’espace public. Des hommes et des femmes, considérés comme citoyens à part entière, qu’il ne suffisait pas seulement de « soigner » ou de « faire guérir » mais à qui il faut apporter les moyens de «prendre soin» pour les restituer dans leur dignité, dans
notre humanité. Cette démarche au caractère universel- reconnue par l’OMS comme l’une des politiques de santé publique les plus efficaces – c’est la Réduction Des Risques (RdR). Nous vous en proposons ici des repères
éthiques et conceptuels, un éclairage de la portée des enjeux à partir des pratiques.
De fait, la RdR s’impose comme un mode d’intervention qui a prouvé aujourd’hui sa pertinence. Il est fondamental de savoir qu’elle doit autant cette reconnaissance aux outils employés (plutôt empiriques à ses débuts),qu’au substrat éthique qui l’a nourrie et lui a permis – et lui permet encore – d’évoluer. En repoussant les limites de ses interventions, la RdR permet aux praticiens que nous sommes, d’aller au plus près, au plus juste des personnes que nous accompagnons dans leur parcours.[/vc_column_text][vc_column_text]La RdR est une pratique d’intervention qui se nourrit de l’expertise des usagers. Elle est ouverte et évolutive, elle adapte en continu de nouveaux modes d’intervention :
Salles d’injection supervisée, analyse des produits, prévention communautaire des overdoses par Naloxone, intervention en milieux festifs et en milieu carcéral… Il s’agit d’être en phase, tant du point de vue temporel que comportemental avec les usagers, quels que soient les produits utilisés, elle s’ouvre aussi aujourd’hui à d’autres champs d’interventions concernés (social, psychiatrie,monde du travail, etc.).
Le corps que la RdR prend en charge, c’est le corps social tout entier, dans la nécessaire altérité que suppose le vivre-ensemble, et non plus le «vivre avec». L’usager,pris en considération là où il est, là où il en est, est d’abord un citoyen qui traverse, dans son parcours de vie, une étape justifiant un accompagnement avec les intervenants que nous sommes.
Les courants de pensée autant que les modes de fonctionnement de notre société évoluent, et notre rapport à l’autre n’est pas hermétique à ces mouvements. La Fédération Addiction souhaitait formaliser en cet instant «T» un état des lieux des concepts et pratiques qui étayent aujourd’hui l’évolution positive en matière de Réduction Des Risques. Toutefois, il faut se garder de
croire en un aboutissement, et rester vigilant quant à d’éventuelles remises en cause toujours possibles. Rien n’est définitivement acquis pour la RdR tant que perdurera dans la loi la pénalisation de l’usage.
Un postulat, cependant reste immuable : l’éthique. Notre éthique qui, à l’heure où certains s’emploient à vouloir dresser des murs, nous amène à vouloir bâtir des ponts[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]